
Quel Schéma de Cohérence Territoriale de notre bassin voulons-nous ?
Il reste jusqu’au 4 avril pour participer à l’enquête publique du Schéma de Cohérence Territoriale du Bassin Annécien. Cet outil élaboré à l’échelle des cinq communautés de communes de Cruseilles, Fier et Usses, Sources du Lac d’Annecy, du Rumilly Terre de Savoie et de la communauté d’agglomération du Grand Annecy détermine le cadre de l’aménagement du territoire” et de développement auxquels elles seront soumises; en d’autres termes quel sera le rythme d’artificialisation des sols ? Combien d’habitants accueillerons-nous d’ici 2040? Pour quel type d’activités? Vous avez jusqu’au 4 avril prochain 12H pour vous déterminer.
Nous vous communiquons ici l’avis porté par notre groupe.
Si nous pouvons saluer les grands objectifs apportés par le SCOT en matière de transition écologique, de respect de la biodiversité, des paysages, des espaces naturels et agricoles qui fondent notre identité, il semble que ces objectifs viennent en contradiction avec les enjeux de développement économique énoncés et la faiblesse des investissements structurants à même de les servir.
En effet, ce SCOT acte de l’augmentation de 66000 habitants d’ici 2045 et la création de 39869 logements d’ici 2045. C’est dans les communautés de communes des Sources du Lac d’Annecy, de Rumilly Terre de Savoie et de la communauté d’agglomération du Grand Annecy que le développement démographique sera le plus important. Or, aucune amélioration significative en matière de transport n’est prévue. Le projet de BHNS à 700 M€ prévoit une baisse de la part modale de la voiture de 65% à 62% seulement (soit 3 points de pourcentage en moins de part modale). Pire, le Scot s’appuie sur des équipements qui sont désormais abandonnés, en particulier le RER métropolitain Rumilly – Groisy. La modernisation de la ligne Aix-les-Bains – Annecy nécessaire à ce projet a été retiré du Contrat Plan Etat-Région Mobilités signé en décembre 2024. Aucune amélioration de la desserte ferroviaire n’est prévue sur notre territoire à ce jour. En parallèle, le réseau autoroutier entre Aix-les Bains et Annecy est saturé aux heures de pointe et ne peut souffrir d’une augmentation de trafic supplémentaire. L’augmentation du nombre de voies ne saurait être compatible avec l’objectif de neutralité carbone en 2050 et ne ferait qu’empirer la situation (phénomène de trafic induit ou aussi appelé Paradoxe de Braes – voir ICI).
Le projet semble négliger les enjeux en matière de préservation des ressources en eau et d’assainissement. Si le Lac d’Annecy fait figure de source quasi inépuisable d’eau potable et a permis, par une mécanique de solidarité territoriale d’approvisionner le territoire de Cruseilles et de Rumilly, il révèle aussi une dépendance très forte à cette ressource, qui n’est pas suffisamment évaluée à l’aune des bouleversements liés au dérèglement climatique. Il en va de même, concernant l’assainissement des eaux usées qui se heurte au débit d’étiage des rivières et ne permet plus de généraliser des solutions d’assainissement collectif, sans dégrader les milieux récepteurs et la qualité des eaux de surface.
Notre territoire ne semble pas en mesure d’accueillir de nouvelles activités économiques privées qui contribueraient inévitablement à renforcer les besoins en services publics (écoles, hôpitaux, infrastructures routières déjà saturées, …). Nous devons troquer le besoin incessant d’attractivité par le besoin de renforcer l’habitabilité de notre territoire :
- dédier le solde d’artificialisation aux besoins de logements, en particulier les logements abordables et le renfort des infrastructures publiques adaptées aux besoins de la population
- répartir l’effort de densification autour de plusieurs pôles, y compris en ruralité. Il convient d’élargir l’enveloppe urbaine dans certains villages pour garantir la création de services et d’emplois de proximité (commerces, santé, services publics, …) et limiter ainsi les déplacements. Cette perspective est de nature à mieux répartir les richesses et les investissements sur l’ensemble de notre territoire.
- garantir des modes de transport qui limitent réellement la place de la voiture, et les émissions de gaz à effet de serre associées à sa fabrication et à son usage. Il en va de l’acceptabilité de notre projet de territoire par les habitants, sans quoi toute initiative de développement économique se heurtera au temps de trajet pour se rendre au travail.