
COMMUNIQUE DE PRESSE – Est-ce vraiment le rattachement au bon SERM ?
Jeudi dernier, 20 mars 2025, le Conseil d’agglomération du Grand Annecy a examiné la délibération concernant le financement du service express régional métropolitain (SERM). Ce nouveau dispositif permet de renforcer l’offre ferroviaire et de déployer autour de cet axe structurant un bouquet de services de mobilité fiables, fréquents qui permettent de laisser sa voiture au garage, de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et la pollution. Mme Lardet a décidé en toute opacité, sans la moindre concertation, de soumettre au vote des élus du Grand Annecy la prise de participation au financement de l’étude de préfiguration du SERM franco-genevois. Ce choix se fait au détriment du financement du SERM de l’Ouest savoyard, qui ne semble avoir été débattu ni avec les élus, ni avec le comité des partenaires.
Pourtant, M.Sarda, le 21 mai 2024 lors d’une réunion publique à Pringy sur le transport en commun en site propre, avait déclaré « Nous n’avons pas vocation à améliorer l’axe Annecy-Genève… les gens qui vont à Genève gagnent 2,5 fois de plus, ils ont une meilleure qualité de vie ; nos entreprises ont du mal à capter et à garder leurs employés ; on n’a pas vocation à être banlieue de Genève, notamment avec l’argent des grands annéciens » (à visionner ICI à partir de 1h18 et 45sec)
Annecy est en train de devenir la banlieue de Genève
Il ne s’agit pour le moment que du financement d’études de préfiguration mais il apparaît que le Grand Annecy sera, par ordre d’importance, le 4ème financeur sur les 14 financeurs, juste après l’Etat, la Région et le Canton de Genève. Pourtant aucune amélioration de la desserte ferroviaire n’est prévue en direction d’Annecy. Toutes les améliorations de la desserte ferroviaire sont concentrées à la Roche, vers la Vallée de l’Arve et dans le Pays de Gex.
Le Grand Annecy va donc financer des infrastructures qui permettront de mieux desservir Genève pour les salariés des entreprises et des services publics de notre bassin de vie. Certes les flux de déplacement domicile-travail vers l’agglomération genevoise, comme le précise le SCOT, vont être en augmentation mais ils ne représentent que 17,5% des flux domicile-travail des 5 communautés de communes du bassin annécien.
La majorité des flux sont ailleurs : Vallées de Thônes, Bords du Lac, Communautés de communes des Sources du Lac et surtout Communautés de Communes Rumilly Terre de Savoie appelée à voir la croissance démographique la plus importante dans les 15 ans qui viennent.
Il était donc logique de prévoir « une offre de proximité ferroviaire de type omnibus sur l’axe Rumilly-Annecy-Groisy », comme le précise le SCOT. Or, comme le précise une note de bas de page de dans l’avis de la Mission Régionale d’Autorité Environnementale sur le projet de SCOT, le projet de service express régional métropolitain (Serm) cadencé pour les trajets pendulaires entre Rumilly, Annecy et Groisy est reporté sine die.
Et qu’en sera-t-il pour les nombreux étudiants qui fréquentent les différents campus de l’Université Savoie Mont-Blanc et qui n’ont que trop peu d’alternatives à la voiture individuelle pour se rendre à Annecy-le Vieux, Jacob-Bellecombette ou au Bourget-du-Lac? D’ici quelques années, ce sera près de 10 000 étudiants sur le campus d’Annecy. Où les étudiants vont-ils stationner leur voiture si la desserte ferroviaire pour ceux qui viennent de l’extérieur n’est pas efficace ?
Des risques de non-conformité du PLUIHMB et du SCOT
Il conviendrait donc de réviser le projet de SCOT car le document d’objectifs et d’orientations, qui a une portée juridique, propose une offre de transports qui est erronée et qui ne correspond plus à la dynamique démographique attendue. Il en sera de même pour le PLUIHMB, qui lui aussi ne peut plus être voté en l’état, puisque le Plan de Mobilité voté en 2022 par le Conseil Communautaire fait lui aussi référence au développement du RER métropolitain entre Rumilly – Annecy et Groisy (fiche action numéro 6, page 32 du PDM Grand Annecy). Cette offre nécessite la modernisation de la ligne Aix-les Bains – Annecy, mais ce projet inscrit pourtant au Contrat Plan Etat-Région a été retiré du contrat voté le 10 octobre 2024 par la Région Auvergne Rhône-Alpes. Sans ces travaux, il est impossible de développer cette nouvelle offre.
Oui Annecy réclame une mobilisation de tous les élus pour obtenir une révision de la convention
Personne ne devrait s’opposer à un tel projet mais à condition qu’elle garantisse une amélioration de la desserte ferroviaire de notre bassin de vie et qu’elle nous permette de nous relier aux villes de l’Arc Alpin, Aix-les Bains, Chambéry, Grenoble et Lyon, la capitale de la Région. Nous avons tout intérêt à ne pas nous couper des opportunités de coopération territoriale, de mieux collaborer avec les autres pôles universitaires, pôles de recherche et de développement, et grands pôles industriels de notre Région. Le Grand Annecy fait le choix de l’isolement et risque de devenir un lieu de villégiature pour retraités et touristes. Même si c’était le cas, l’absence de SERM sur l’axe Chambéry Annecy compromettrait cette volonté car il sera de plus en plus difficile de recruter dans les commerces, restaurants, Ehpad et autres activités de ce type.
Cette délibération votée aurait des conséquences très importantes pour notre territoire :
- Accélération du phénomène des frontaliers qui participe à la spéculation foncière et aux difficultés de logements sur notre territoire
- Saturation supplémentaire des axes autoroutiers entre Chambéry et Annecy.
- Difficultés à rallier les universités du Bourget du Lac, de Chambéry, de Grenoble, Lyon
- Renforcement de la voiture individuelle pour rallier Lyon ou Bellegarde et attraper un TGV vers Paris (qui est plus rapide que le TGV Annecy-Paris grâce aux dédoublements des voies), alors que nous nous éloignons chaque jour de la trajectoire de neutralité carbone d’ici 2050
- Affaiblissement de l’attractivité de notre territoire qui pourrait être délaissé par des entreprises qui préféreront s’implanter là où les dessertes ferroviaires sont meilleures et où les logements sont moins chers.
Résultats du vote : 27 élus seulement se sont abstenus et 59 ont validé cette délibération.
Nous regrettons vivement ce manque de vision à long terme pour le territoire.