
A Annecy, 26% de la population avait plus de 60 ans en 2020 et la pyramide des âges prévoit 30% en 2030.
Il est important de s’adapter au vieillissement de la population et pour cela, la politique de prévention du maintien de l’autonomie est fondamentale. En effet, les établissements sont déjà saturés, ceci, accentué par les difficultés de recrutement de personnel pour y travailler. Le gouvernement a déjà annoncé vouloir axer la politique du grand âge sur le bien vieillir à domicile, ce qui ne va pas être plus simple pour recruter du personnel. Par conséquent, pour éviter des drames humains, il est indispensable de vivre de manière autonome et en bonne santé le plus longtemps possible.
3 paramètres sont nécessaires pour cela : manger correctement, avoir du lien social et bouger. Un seul paramètre en moins et le maintien de l’autonomie risque de vaciller…
Depuis très longtemps, la ville d’Annecy a mis en place une politique du bien vieillir à domicile innovante. Le premier restaurant Senior, le Ritz, date de 1961. Le maire était alors Charles Bosson. En effet, le modèle du restaurant senior coche toutes les cases de la prévention du bien vieillir : les personnes se déplacent, donc sortent de chez elles et bougent, elles mangent de manière équilibrée et voient du monde, parlent, ont des contacts sociaux.
Aujourd’hui, la ville compte 5 restaurants accueillant entre 30 et 100 personnes chacun et servant 250 repas en moyenne par jour. Les tarifs varient entre 2,10 et 13,5 euros selon les revenus et même 1 euros si recours à l’aide sociale du conseil départemental. L’analyse des niveaux de ressource des personnes inscrites montre que ce service répond à une mission à caractère social : le prix moyen payé est de 4,37 euros et 34 % bénéficient des tarifs les plus bas. L’âge moyen est de 77 ans et 59% sont des femmes. Les repas sont confectionnés par la cuisine centrale de la ville qui réalise 10 500 repas par jour, avec une part d’aliments bios et locaux de 36%.
Un programme d’activités sportives et d’animation est aussi proposé aux retraités, dans le but de les maintenir en forme et autonomes. Cependant, aujourd’hui il y a au moins 2, voire 3 générations de seniors, avec chacune ses goûts, ses références, ses besoins. Il est nécessaire de repenser ces programmes pour attirer plus de monde et en particulier ceux que la ville ne touche pas et sont isolés. La culture, comme l’activité physique, est un vecteur de santé mentale.
Des études en neuroscience le montrent et la ville de Montréal a même mis en place des sorties culturelles, en particulier dans les musées, prescrites par les médecins. L’idée d’expérimenter une nouvelle animation est née des services de la ville dont nous pouvons saluer la créativité. Organiser un concert gastronomique, un soir ! Cette idée a impliqué de la transversalité entre le service de la restauration municipale, le conservatoire à rayonnement régional, et le service des seniors mais aussi une ouverture d’un restaurant seniors un soir alors qu’ils ne sont ouverts que les midis et donc un travail en soirée pour l’équipe du restaurant municipal.
Il a fallu mettre en place des inscriptions liées à la jauge de la salle et expliquer les raisons des limites de places.
Le premier concert gastronomique pour les seniors a donc eu lieu à la Cozna mardi 28 mai. Opération réussie !
Les 40 personnes présentes s’étaient mises sur leur 31 pour sortir et étaient ravies. La cuisine centrale avait imaginé un repas “gastronomique”, et le conservatoire a su mobiliser de nombreux musiciens bénévoles pour jouer des morceaux en lien avec le repas. Alors maintenant, on nous demande s’il y en aura d’autres ! Un bilan va être bientôt réalisé mais l’enjeu va être surtout d’attirer dans les restaurants seniors ou dans les activités, des personnes isolées.
Karine Picchedda, maire adjointe à la santé, au bien-être et au bien vieillir