
Peut-être que vous avez vu ou entendu parler de l’opération réalisée la nuit du 7 juin entre 23 h et 1h du matin ? Certains ont été intrigués par ces groupes de personnes qui se promenaient armés d’un stylo et de tablettes.
Effectivement, une vingtaine de personnes, élus, services de la ville, représentants de la police, gendarmerie, de l’État, des commerçants, des associations du secteur social se sont prêtés à l’exercice d’une marche exploratoire.
Pourquoi ?
Parce que pour une ville, concilier les usages de ceux qui travaillent, de ceux qui font la fête, de ceux qui dorment, de ceux qui circulent, de ceux qui vivent dans la rue et des plus vulnérables est difficile. Les besoins et aspirations des uns s’opposent souvent à ceux des autres, et peuvent provoquer des conflits et cristalliser des réclamations.
La nuit, nous avons un autre rythme, une façon de vivre qui varie selon les individus et peut même varier pour chacun selon les jours de la semaine ou la période. Le nuit, nous ne percevons pas l’environnement et l’altérité de la même manière que le jour.
Elle peut être vécue de manière positive quand elle est festive, rafraîchissante en été et réchauffante en hiver, ou reposante. Mais elle peut également entraîner des appréhensions négatives, de l’angoisse, un sentiment d’insécurité ou d’exclusion.
Les enjeux de la vie nocturne sont donc forts et relèvent du bien-vivre ensemble : tranquillité et apaisement pour les humains mais aussi pour la faune, préservation de la santé (qualité du sommeil) et réduction des risques liés à l’ébriété et à la consommation de produits, risques d’accidents, risques de tensions dans certains quartiers, etc.), sécurité, activité commerciale, convivialité et vie festive, déplacements ….
Ces enjeux s’articulent aussi avec des enjeux écologiques (par exemple l’enjeu de sobriété énergétique) et ne doivent pas s’opposer.
La ville d’Annecy a décidé cette année de s’emparer de ce sujet en lançant un projet majeur co-piloté par les maires adjoints Samuel Dixneuf, Karine Bui-Xuan Picchedda et Marie Bertrand.
Deux phases sont prévues :
- En 2024, un diagnostic de la nuit sera restreint au périmètre de la Vieille Ville. Pour le réaliser, une cellule de veille du CLSPD (conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance) a déjà été mise en place et des marches exploratoires vont débuter (la première a donc eu lieu le 7 juin), invitant des associations, habitants et services de la Ville à observer et analyser les problématiques nocturnes. L’objectif est de construire un diagnostic afin de mettre en place des actions dès cette année. Des groupes de travail vont être organisés, en particulier pour rédiger et mettre en place de manière concertée une nouvelle charte de la vie nocturne. L’ancienne était restée dans les placards depuis 2016.
Des expérimentations visant à réduire les nuisances sonores pour les habitants tout en préservant la vie nocturne sont également à l’étude.
- En 2025, une réflexion sur le périmètre complet de la ville et transversale sera menée pour définir une politique de la nuit à Annecy avec les habitants, différents corps de métiers impliqués et les associations.