
Trop de bruit dans la vieille ville, la nuit ?
Alertés par l’ARVVA (Association des Riverains de la Vieille Ville d’Annecy) à propos des nuisances sonores qui altèrent leur qualité de vie, de sommeil, voire de santé, le sujet de la vie nocturne à Annecy est devenu un sujet important de la deuxième partie du mandat municipal actuel. Il oppose des groupes d’habitants, divise la population et crispe les échanges.
Pour rendre la vieille ville habitable, cette association milite pour une fermeture des terrasses à 22 h au lieu de 00h30, mais les commerçants, eux, ne veulent pas de ce changement et nombre de leurs clients non plus. Les horaires n’ont pas été modifiés dans le nouveau règlement des terrasses. https://www.annecy.fr/annuaires/catalogue-des-demarches/detail/demande-d-autorisation-d-occupation-commerciale-du-domaine-public-par-une-terrasse.
Nous l’expliquions il y a quelques semaines (relire l’article), une cellule de la vie nocturne est dorénavant mise en place et des groupes de travail sont organisés pour déjà avancer sur le périmètre de la vieille ville avant d’élargir la réflexion sur la commune toute entière.
Les avis sur le bruit divergent donc et la première marche exploratoire menée en juin l’a bien montré. Certains trouvent le niveau sonore beaucoup trop important, d’autres apprécient l’aspect festif procuré par le bruit. Beaucoup de jeunes nous ont également interpellés pendant notre déambulation et ont donné leur impression : “il n’y a pas assez de lieux festifs à Annecy”, “Annecy est une ville de Vieux”…
Difficile d’être objectif face à des avis aussi divergents ! La population est divisée comme sur de nombreux sujets. Est-ce une différence générationnelle ? Ceux qui aiment la ville nocturne festive vivent-ils sur les lieux ? Comment gérer ces conflits alors que les lieux festifs isolés des habitations manquent sur notre territoire ?
Avant de prendre des décisions qui feront obligatoirement des mécontents, objectiver les données sonores semble préférable. Nous nous sommes demandés s’il était possible de rendre le niveau sonore acceptable pour les riverains sans pour autant restreindre la vie nocturne. En d’autres termes, est-ce que la sensibilisation sur les enjeux de santé et de bien vivre liés aux nuisances sonores peuvent permettre des changements de comportements et d’habitudes ? Cette question est une préoccupation de la plupart des grandes villes et des villes touristiques françaises et européennes et certaines ont même embauché des “chuteurs”, des personnes qui chuchotent “Chut” aux oreilles des clients des terrasses.
Quelques villes expérimentent aussi des radars pédagogiques pour les nuisances sonores routières https://www.info.gouv.fr/actualite/des-radars-sonores-pour-traquer-le-bruit.
Afin de sensibiliser habitants, touristes et commerçants à Annecy, des radars sonores pédagogiques ont été installés. Au nombre de trois, ils sont disposés dans des endroits évalués comme particulièrement bruyants : dans la rue Sainte Claire et la place Sainte Claire et au faubourg des Annonciade.
Outre leur mission pédagogique de sensibilisation, ils vont permettre de réaliser une étude sur le bruit dans la vieille ville, avec des mesures quotidiennes pendant 8 semaines, en juillet et août. Cette étude vise à connaître les niveaux sonores tout au long des soirées en fonction de paramètres variables, en particulier ceux des indications mises à disposition des personnes.
Ces indications sont celles que les radars pédagogiques de bruit annoncent : une couleur (vert, orange ou rouge) pour avertir si le niveau sonore est acceptable ou non, le nombre de décibels, un slogan (la nuit, moins de bruit). Au cours de l’été, les indications varieront afin d’évaluer si cela a une incidence sur le niveau sonore ou non. Ainsi, contrairement aux rumeurs qui circulent, les radars fonctionnent bien ! Si pendant quelques jours, rien n’était affiché, c’était simplement pour pouvoir évaluer si l’affichage pédagogique est utile ou non en relevant les données des capteurs sans aucune indication visible…
Évidemment, d’autres données devront être croisées avec les variations des décibels : la météo, les jours et horaires, et l’actualité (par exemple les évènements sportifs).
Côté bruit, les rumeurs ne sont pas enregistrées par les capteurs des radars, mais nous les entendons !
Nous avons entendu des personnes dubitatives quant à l’efficacité de cette pédagogie. Pourquoi serait-ce différent pour le bruit par rapport à la vitesse ? Combien de personnes accélèrent quand elles passent devant un radar pédagogique de vitesse et combien ralentissent ? Nous pouvons faire l’hypothèse qu’il en sera de même pour le bruit mais l’hypothèse ne suffit pas, cette expérimentation permettra de le vérifier afin d’envisager ou non de développer ce type d’investissements.
Et non, les radars “sonores” pédagogiques, ne font pas de bruit, même s’ils font parler d’eux !
Marion, 22h ou 22h30 ? j’ai un doute